Quand j’ai reçu l’appel de « Comptoir de Monoi » pour photographier Miss Tahiti à Bora Bora, mon cœur s’est emballé !

En deux temps trois mouvements, nous avions constitué une formidable équipe : une maquilleuse/coiffeuse, un designer de vêtements floraux,(les robes devaient être confectionnées à partir de végétaux de toutes sortes, de fleurs ainsi que de tissus polynésiens), un hors-bord et une île privée à notre disposition, une équipe de télévision locale est même venu nous filmer! Mais le membre le plus important de cette équiope de choc était bien évidemment la « vahine » (femme en tahitien).

Au fil des siècles, de grands explorateurs tels que Cook, Bougainville et Wallis, ainsi que d’autres visiteurs notables comme l’artiste français Paul Gauguin, ont contribué à créer et à diffuser le mythe de la « vahine », la femme tahitienne sensuelle et exotique, aux longs cheveux, au charme naturel et à la sensualité.

Two Tahitian Women - The Metropolitan Museum of Art - Paul Gauguin
Deux femmes tahitiennes – Paul Gauguin – 1899

Eh bien, chaque année, ce mythe renaît avec Miss Tahiti, lorsque la plus belle de toutes les femmes polynésiennes est élue. Vaimalama Chaves a remporté Miss Tahiti 2018. Encore plus incroyable, un mois après cette séance photo à Bora Bora, elle a été couronnée Miss France 2019, devenant l’ambassadrice de la France et de la Polynésie dans le monde. Elle fut la première représentante tahitienne à être couronnée Miss France en vingt ans, ce qui a rendu tous les Polynésiens très fiers.

J’avais différentes missions pour Comptoir de Monoi, une marque de cosmétiques inspirée des produits de bien-être polynésiens, et Vaimalama était le choix parfait. Le Monoï est une huile parfumée obtenue en trempant les pétales de gardénia tahitien (connue sous le nom de fleurs de Tiare) dans de l’huile de coco. En Polynésie, le Monoï de Tahiti est plus qu’une simple huile parfumée : c’est un rituel de beauté quotidien. Les femmes polynésiennes l’utilisent depuis des milliers d’années pour hydrater, adoucir et nourrir leur peau, ainsi que pour protéger leurs cheveux légendaires.

La première mission concernait les huiles bronzantes. Les images devaient être sensuelles, avec une peau dorée par le soleil, en maillot de bain ou paréo (pièce de coton colorée enroulée autour du corps) et, bien sûr, beaucoup de bains de soleil. Nous nous sommes dirigés vers la plage de sable blanc avec en toile de fond le mont Otemanu emblématique pour réaliser les prochaines photos de rêve.

Et comme Bora Bora est mondialement célèbre pour son plus beau lagon et sa vaste palette de bleus, nous avons décidé de faire une halte sur un magnifique banc de sable pour des prises de vue au-dessus et en dessous de l’eau. Rafraîchissant!

En arrivant sur notre île privée, Miss s’est changée en une robe végétale composée de mille fleurs de tiare blanches (gardénia tahitien). L’odeur était incroyablement envoûtante, et comme si cela ne suffisait pas, elle a commencé à danser et chanter un lent Aparima (une danse lente où les mouvements des mains représentent les mots d’une chanson ou d’un chant). Par exemple, les mouvements des mains peuvent symboliser des éléments de la nature, comme le balancement d’un arbre dans la brise ou une vague dans l’océan, ou un sentiment/émotion, comme la tendresse ou le désir. Bouche bée, mon appareil photo est resté silencieux pendant quelques secondes et je me sentais comme Marlon Brando dans « Les Révoltés du Bounty » (film de 1962), épris de la princesse Maimiti.

Marlon Brando Mutiny of the Bounty Bora Bora
Mount Otemanu en arrière plan

La prochaine séance photo a été très amusante. Vaimalama travaillait à la confection de l’huile de monoï en utilisant de la noix de coco râpée et des fleurs de tiare. Elle a commencé à manger la noix de coco et à s’en mettre autour des lèvres pour nous faire rire, cherchant toujours à nous faire sourire et à apporter une bonne ambiance à l’équipe.

Ma partie préférée de la séance photo était toujours entre les prises. À un moment donné, notre modèle devait poser avec un ukulélé. Avant même que nous nous en rendions compte, elle l’a accordé et a commencé à nous chanter « Creep » de Radiohead. J’avais lu sur Internet qu’elle avait été harcelée quand elle était jeune parce qu’elle était maladroite et en surpoids. Mon cœur s’est serré en écoutant les paroles de la chanson, et bon sang, regardez-la maintenant ! Ce passage difficile a sûrement fait d’elle l’être humain gentil qu’elle est aujourd’hui.

Que dire pour conclure ce post ? Sa fraîcheur, sa joie, sa gentillesse et sa beauté intérieure et extérieure, Vaimalama, tu as réussi à nous voler nos cœurs !